H6 : Indépendances et construction de nouveaux Etats.
Connaissances
je sais situer la période de décolonisation,
je sais situer l’indépendande de l’Inde et de l’Indochine,
je sais situer l’indépendance de l’Algérie et des pays de l’Afrique Subsaharienne,
je connais les conséquences de la conférence de Bandung.
Savoirs
je sais expliquer le contexte de la décolonisation,
je sais expliquer les lieux de la décolonisaion,
je sais expliquer les différentes vois d’accès a l’Indépendance,
je sais expliquer les revendications du tiers-monde.
Avant tout
il faut connaître les raisons qui expliquent pourquoi le processus de décolonisation débute après la seconde guerre mondiale
- Les pays colonisateurs comme la France ou le Royaume-Uni sont dominés ou envahis par l’Allemagne nazie et sortent de cette guerre affaiblis,
- Les soldats issus des colonies qui ont participé à la victoire finale ne sont pas reconnus à leur juste valeur,
- L’URSS et les Etats-Unis sont favorables aux processus de décolonisation,
- L’ONU dans l’article premier de sa charte considère le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cette institution est favorable à ce processus.
- La guerre menée au nom de la liberté contre le nazisme a mobilisé les populations colonisées et favorisé leurs revendications de liberté.
1) Les étapes et les modalités de la décolonisation.
Définissons le mot décolonisation dans un premier temps : c’est un processus historique qui permet à des colonies soumises et contrôlées de s’émanciper de leur métropole soit de manière pacifique soit de manière violente. La finalité étant d’accéder à l’indépendance.
Les accès à l’indépendance
La décolonisation débute en Asie en 1947 avec l’indépendance négociée de l’Inde. En effet, dès 1920, le Mahatma Gandhi entreprend plusieurs campagnes de désobéissance civils fondées sur le principe de la non-violence. Cette dernière revêt plusieurs formes :
- boycott des produits britanniques, des écoles et de justice coloniale,
- refus de l’impôt,
- marches de protestation,
- grèves de la faim,
- perturber le travail des fonctionnaires anglais.
Le Mahatma (Grand Âme), refuse de suivre les extrémistes et privilégient une protestation non violente. La « marche du sel » qu’il entreprend pour protester contre l’impôt britannique sur le sel s’inscrit dans cette protestation. Par ce geste, il veut symboliquement rendre au peuple la propriété d’une ressource nationale que les indiens eux-mêmes ne peuvent récolter.
La marche du Sel ouvre la voie à une longue négociation qui aboutira à l’Indian Act de 1935 concédant une large décentralisation provinciale.
Inspirée par Gandhi, la campagne Quit India est d’une autre ampleur. Persuadé que les Britanniques sont dans une position intenable, gandhi inspire au congrès le Quit India Resolution adoptée le 2 Août 1942. Le texte réclame l’indépendance aussi vite que possible mais sans exiger le départ immédiat des troupes britanniques. La résolution fait habilement valoir que la liberté de l’Inde s’inscrit dans le sillage des Nations unies fondées par la Charte de l’Atlantique en 1941.
D’autres leaders nationalistes comme Nehru (parti du congrès hindous) et Jinnah (Ligue musulmane) poursuivent le même objectif : faire partir les anglais. Les Britanniques envoient Lord Mountbatten qui négocie la décolonisation.
Document I
[Le parti du Congrès] pense que […] la domination anglaise en Inde doit cesser aussi vite que possible […]. Dès la déclaration de l’indépendance de l’Inde, un gouvernement provisoire sera formé et l’Inde libre deviendra l’alliée des Nations Unies, partageant avec elles ses entreprises et ses épreuves, dans le combat commun pour la liberté.
Résolution Quit India, adoptée par le parti du Congrès (parti indépendantiste indien) à la suite des propositions faites par Gandhi et Nehru, aout 1942.
Document II
J’ai expliqué en détail les différences fondamentales entre hindous et musulmans. Il n’y a jamais eu, pendant tous ces siècles, d’unité sociale ou politique entre ces deux principales nations. L’unité indienne dont on parle aujourd’hui ne relève que de l’administration britannique qui n’a maintenu la paix, la loi et l’ordre dans ce pays que par le recours ultime à la police et à l’armée. […] Notre solution se fonde sur la partition de territoire de ce sous-continent en deux États souverains : l’Hindoustan et le Pakistan.
Discours d’Ali Jinnah devant la Convention législative de la Ligue musulmane, Delhi, 7 avril 1946.
Document III
Le gouvernement de Sa Majesté souhaite faire savoir qu’il est dans son intention définitive de prendre les mesures nécessaires pour effectuer le transfert de pouvoir entre des mains indiennes responsables au plus tard en juin 1948.
Discours du Premier ministre britannique Clement Attlee à la Chambre des communes, 20 février 1947
La partition de l’Inde
Regarder cette carte activement et essayer de comprendre les conséquences de cette partition pour les différentes communautés. Je vous rappelle que Ghandi fut tué en 1948 par un extrémiste de sa propre communauté. Cette carte fera l’objet de questions dans la partie évaluation.
Les Britanniques accordent l’indépendance à l’Inde rapidement car ils sont convaincus que l’empire des Indes est devenu une charge. En Algérie, elle va s’accompagner d’une guerre.
En effet, l’Algérie est une colonie de peuplement au sein de l’Union Française, le mépris des institutions locales, le trucage des élections et les inégalités sociales et civiques dressent les Musulmans contre les Européens. Diverses mouvements nationalistes émergent, jusqu’à la création du FLN (Front de Libération Nationale) qui prend la tête de la rébellion armée le 1er Novembre 1954.
La France qui vient de perdre l’ Indochine, s’engage alors dans une longue guerre d’indépendance. De 1958 à 1961, le Général De Gaulle, redevenu Chef de l’Etat préconise d’abord une Algérie française, puis une Algérie autonome et enfin une Algérie algérienne. Au moment des accords d’Evian en mars 1962, on dénombre entre 350000 et 4000000 morts (combattants, victimes des attentats du FLN ou de l’OAS qui est un mouvement clandestin terroriste créé en 1961 par des militaires et des Français partisans de l’Agérie française, harkis éxécutés par le FLN qui étaient des soldats d’origine algérienne servant dans l’armée française).
Mais cette guerre d’indépendance est extrêmement violente et provoque le départ de très nombreux français vers la métropole. Ces français sont appelés les pieds noirs.
En Afrique subsaharienne, la transmission de la souveraineté se fait de manière progressive et négociée. Les pays deviennent indépendants en 1960.
Les conséquences de la décolonisation
Les pays décolonisés sont désormais des Etats souverains qui adoptent
- un drapeau,
- un hymne,
- une fête nationale,
- devise,
- langue.
- frontière.
Seule une minorité de pays, comme l’Inde ou le Sénégal parvient à installer une régime démocratique.
Tous ces nouveaux Etats se heurtent à un retard de développement. Certains états doivent faire face à des violences communautaires, ethniques ou religieuses. L’indépendance de l’INDE en 1947 et sa partition entre hindous et musulmans sont suivies d’affrontements sanglants entre les deux communautés ainsi que des migrations forcées (voir carte ci-dessus).
En Algérie, jusqu’en 1989, le FLN est le parti unique d’un Etat autoritaire dominé par les militaires ; la vie politique est perturbée par des règlements de compte entre anciens dirigeants nationalistes. Le choix d’un développement extraverti (développement obtenu par l’exportation des ressources et l’investissement des capitaux qu’elles rapportent) lie la richesse économique du pas à une rente pétrolière aux revenus aléatoires. L’agriculture est négligée et le recours aux importations agricoles devient très vite nécessaire, de plus pour une population de plus en plus jeune. Crises politiques et alimentaires plongent le pays dans une guerre civile meurtrière à partir de 19933, pendant plus de six ans.
De nouveaux défis
Le nouveaux états ont à reconstruire leurs institutions politiques et leur administration perturbée par le départ des cadres européens.
Instabilité politique et violence sapent les nations naissantes : coup d’Etat et dictatures militaires se succèdent en Afrique comme en Asie (génocide perpétré par les Khmers rouges au Cambodge). A ces difficultés s’ajoutent les tensions avec les états voisins , souvent à cause des frontières.
Sortir du sous développement demeure un défi majeur pour la plupart des anciens pays colonisés, obligés de choisir entre le libéralisme économique et socialisme comme modèle de développement. Confrontés à la pauvreté de la majeure partie de la population, à une forte croissance démographique, à un manque d’infrastructure et de moyens financiers, la plupart d’entre eux conservent des liens étroits avec leur ancienne métropole (Etat possédant des colonies) sous la forme de coopération (politique de soutien économique, financier, technique des pays développés aux pas en développement souvent leurs anciennes colonies) souvent qualifiée de néocolonialisme (politique qui vise, sous couvert d’assistance de tout ordre à maintenir la domination des métropoles sur leurs anciennes colonies).
Les pays décolonisés après la seconde guerre mondiale sont dans la plupart des cas les pays les plus pauvres de la planète. A Bandung en 1955, ils veulent affirmer leur existence ; à BELGRADE en 1961, c’est le mouvement des non-alignés qui s’organisent autour de Tito, Nehru le premier ministre indien et Nasser le président egyptien qui a nationalisé le Canal de Suez. Devenus majoritaires au sein de l’ONU, ces états obtiennent la création de la CNUCED en 1964 (conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement qui est une institution créée en 1964 afin d’aider les pas en développement à s’intégrer dans l’économie mondiale) et réclament un Nouvel ordre économique Intrnational (NOEI revendication par les pays du tiers-monde de la prise en compte des interêts des pays en développement). Mais l’éclatement du tiers-monde entre Nouveaux Pays Industrialisés et Pays les Moins Avancés représente un nouvel obstacle.